Visa a lancé en mars en France une nouvelle méthode de paiement qui permet de payer plus simplement sur Internet. Une innovation qui pourrait orienter encore davantage de paiements vers son réseau.
Avec le Click to Pay, Visa met en avant une solution sûre, rapide et simple pour payer sur Internet. (Shutterstock)
Par Marion Heilmann
Publié le 9 mai 2024 à 16:59
« Cliquer, c'est payé ». Voici une innovation proposée par Visa depuis mars en France qui a de quoi séduire les consommateurs. Ce nouveau
mode de paiement sur Internet permet aux détenteurs d'une carte du réseau américain d'enregistrer une seule fois leurs données de carte bancaire pour pouvoir payer sur tous les sites commerçants qui offrent ce mode de paiement.
A l'image du paiement par Apple Pay , PayPal ou Google Pay, Click to Pay permet d'éviter de créer un compte client chez chaque commerçant et de lui laisser ses précieuses données de paiement. Visa met en avant une solution sûre, rapide et simple, sans mot de passe, qui permet de réduire les abandons de panier au moment du paiement.
Crainte de perdre le lien avec le client
Cette solution est proposée depuis quelques années par Visa et MasterCard aux Etats-Unis, où elle est affichée sous la forme d'un bouton à chevrons sur la page de paiement des commerçants. Mais certains d'entre eux, à l'image d'Amazon, rechignent à l'adopter par peur de perdre les données et le lien avec leurs clients.
Une inquiétude que partagent certains grands commerçants en France. D'autant que ce standard développé par EMVco, la société qui rassemble tous les réseaux de carte et définit leurs spécifications techniques, n'a pas encore été adopté par le réseau français Cartes Bancaires (CB).
Cela fera passer par défaut tous les paiements Click to Pay par l'un des réseaux internationaux (Visa, MasterCard…), dont les coûts sont plus élevés pour les commerçants. De quoi réduire encore la part de marché de CB dans les paiements sur Internet.
Nombreuses solutions de paiement
D'autant plus que Visa et MasterCard, qui avaient échoué à faire adopter des initiatives similaires par le passé, poussent les banques émettrices de leurs cartes à le proposer massivement à leurs clients. Selon nos informations, pour celles émettant des cartes Visa, ce sera même d'ici à quelques mois une obligation sous peine de pénalités.
« Il y a déjà beaucoup de solutions de paiement en ligne, explique Guillaume Yribarren, directeur adjoint de l'activité conseil du cabinet Galitt. Click to Pay est la tentative ultime de Visa et MasterCard pour combattre PayPal et Apple Pay, mais la greffe a du mal à prendre chez les commerçants. »
En France, certains préfèrent miser sur l'arrivée du wallet européen Wero, développé par EPI (European payments initiative) dont sont actionnaires les banques françaises.
Plateformes de tokenisation
Autre innovation que poussent Visa et MasterCard : le passage par leurs plateformes de tokenisation pour, affirment-ils, plus de sécurité et de fluidité. La tokenisation permet, lors d'un paiement, d'éviter de faire circuler le numéro d'une carte bancaire, en le remplaçant par un token. Une fois créé, ce jeton, qui ne contient aucune information sensible, peut passer la chaîne de paiement en toute sécurité. Il est ensuite décodé par la même plateforme qui a servi à le créer.
Aujourd'hui, les commerçants peuvent passer par des plateformes de tokenisation privées et fournir des tokens indifféremment à tous les réseaux de carte. Mais peu à peu, Visa et MasterCard tentent d'imposer le passage par leurs plateformes, sous peine de surcoût pour chaque transaction. Visa est d'ailleurs, depuis l'été dernier, dans le viseur de la justice aux Etats-Unis à ce sujet.
Le gros inconvénient qu'y voient les commerçants, c'est d'abandonner les données de leurs clients à ces réseaux et d'être ensuite obligés de passer par eux pour y accéder alors même qu'ils n'ont aucune garantie que ce service restera gratuit.
Enfin, passer systématiquement par les plateformes de Visa et de MasterCard pour la tokenisation des cartes de leurs clients a comme effet immédiat de mettre fin au cobadgeage avec Cartes Bancaires pour ces transactions, car de facto elles passeront par ces réseaux et non plus par CB.
Marion Heilmann