Le nombre de DAB a diminué de plus de 20 % en dix ans en France, reflétant l'augmentation des paiements par cartes. Leur disparition progressive pose néanmoins des questions d'accessibilité et d'inclusion.
Publié le 13 janv. 2024 à 12:00
Les DAB (distributeurs automatiques de billets) sont-ils voués à disparaître ? Avec le déploiement jeudi 11 janvier des premiers automates du réseau « Cash Services », mutualisés entre la Société Générale, BNP Paribas et Crédit Mutuel Alliance Fédérale, les DAB devraient continuer à se raréfier.
D'ici 2026, le projet de regroupement des sites des trois groupes bancaires doit entraîner la disparition de 3.000 points de retrait. Cette décision s'inscrit dans un mouvement de fond de réduction du nombre de distributeurs : -20 % en dix ans, passant de plus de 58.000 en 2012 à quelque 46.000 fin 2022.
En fermant des DAB qu'elles n'estiment pas rentables, les banques veulent économiser les frais de maintenance et de réapprovisionnement des machines. Pour Guillaume Lepecq, le président du think tank CashEssentials, leurs réelles motivations sont aussi ailleurs : « les banques ont tout intérêt à faire disparaître le cash. Le cash est en concurrence avec d'autres moyens de paiement qui, eux, rapportent de l'argent de manière significative ».
Evolution de la société
« L'évolution du réseau de DAB suit naturellement celle de la société, défend la Fédération bancaire française. L'accessibilité aux espèces reste, comme cela était le cas les années précédentes, à un excellent niveau ». Selon la Banque de France, les suppressions de distributeurs se concentrent d'ailleurs surtout dans les agglomérations.
Preuve en est, près de 80 % de la population se trouve à moins de cinq minutes en voiture d'un distributeur automatique de billets, selon les calculs de l'institution. « Et si vous n'avez pas de voiture ?, objecte Guillaume Lepecq. La fermeture d'un ATM (Automated Teller Machine, en anglais) dans un village, c'est la mort des derniers commerces ».
« Rôle essentiel » des espèces
Dans le même temps, le développement des points d'accès privatifs, notamment dans les commerces, limite l'érosion du nombre total de points d'accès aux espèces (73.205 fin 2022 contre 75.899 en 2018).
Si le cash perd du terrain , il reste le moyen de paiement privilégié des Français dans les points de vente (en nombre de transactions).
Les espèces restent notamment plébiscitées pour des raisons de protection de la vie privée, de simplicité et de gestion des dépenses.
La Banque centrale européenne souligne aussi le « rôle essentiel » des espèces « pour l'inclusion sociale des plus vulnérables, par exemple les personnes âgées et celles ayant des revenus modestes ».
Hadrien Valat