La France a vu 2.126 automates disparaître en 2023, selon un rapport publié mercredi par la Banque de France. Alors que les distributeurs sont devenus moins rentables pour les banques dans un contexte de déclin du cash, celles-ci réduisent la voilure d'année en année.
La France compte toujours moins de distributeurs automatiques de billets (DAB). En 2023, le pays a vu 2.126 automates disparaître, selon un rapport de la Banque de France publié mercredi. Leur nombre est tombé à 44.123, contre 46.249 en 2022, soit une baisse de 4,6 % - la plus forte observée ces dernières années. L'accès aux espèces reste toutefois stable selon l'institution, qui constate « une répartition qui demeure bien équilibrée au niveau du territoire ».
La part de la population située à moins de quinze minutes en voiture d'un point équipé d'au moins un DAB était de 98,8 % à fin 2023. « La rationalisation du parc de DAB opérée par la place bancaire […] se concentre sur les zones urbaines les plus densément peuplées et les mieux équipées », souligne la Banque de France.
« Même si l'utilisation des espèces diminue en France, les banques veillent, aux côtés de l'ensemble de l'écosystème, à ce que tous les Français y aient accès », s'est félicitée Maya Atig, présidente de la Fédération bancaire française (FBF), dans un communiqué. Le cash ne représentait en effet plus que 50 % des transactions en 2022, contre 68 % en 2016. Dans ce contexte, les DAB sont devenus moins rentables pour les banques, et celles-ci réduisent la voilure d'année en année afin de diminuer leurs coûts.
La mutualisation en cours des distributeurs de billets de BNP Paribas, Société Générale et Crédit Mutuel-CIC s'inscrit dans cette logique : entamée à la fin de l'année 2023, elle doit mener à la fermeture de 3.000 points de retrait d'ici à 2026, et à un nouveau maillage du territoire censé garantir un accès optimal aux espèces. Les autorités restent en effet vigilantes face au risque de désertification bancaire, surtout en zone rurale.
Enjeu d'inclusion
Plusieurs élus locaux se sont émus ces dernières années de la disparition ou du non-entretien de DAB présents dans leur commune. Plus de la moitié des communes françaises ne dispose ni d'un DAB, ni d'un point d'accès aux espèces. Or, si son usage faiblit, le cash reste très plébiscité pour les paiements de proximité. Un défaut d'accès peut notamment pénaliser les victimes de la fracture numérique, pour qui l'adoption des moyens de paiement dématérialisés peut être complexe. Selon la Banque centrale européenne, le cash joue « un rôle essentiel pour l'inclusion sociale des plus vulnérables, par exemple les personnes âgées et celles ayant des revenus modestes ».
Alors que le nombre de DAB décline, des alternatives se sont développées sur le territoire pour favoriser l'accès aux espèces, comme les points privatifs installés au sein des commerces. Avec 27.418 emplacements à fin 2023, leur nombre était en hausse de 1,7 % sur l'année, ce qui « traduit bien la possibilité de développer des solutions concrètes pour les Français », se félicite Maya Atig.
Ce dispositif présente toutefois plusieurs limites par rapport aux DAB classiques : seuls les clients des banques partenaires du commerçant peuvent effectuer un retrait, et leur accès dépend des horaires d'ouverture de la boutique concernée.
Par //www.lesechos.fr/@rachel-cotte-2">Rachel Cotte
Publié le 25 juil. 2024 à 13:42
Rachel Cotte