La fintech Lydia investit 100 millions d'euros pour devenir une banque

La société, connue pour son application de transfert d'argent, relance ses offres de comptes bancaires, en misant sur un nouveau nom - Sumeria - et sur des solutions de compte courant rémunéré. Elle vise 5 millions de clients d'ici trois ans.

Par Romain Gueugneau

Publié le 15 mai 2024 à 10:41

Lydia poursuit son aventure dans la banque. Dix ans après le lancement de la célèbre application de transfert d'argent entre particuliers, la fintech française franchit une nouvelle étape en lançant ce mercredi de nouvelles offres bancaires, ainsi qu'une nouvelle marque, Sumeria.

Cette annonce s'inscrit dans un plan de développement ambitieux, avec une enveloppe d'investissement de 100 millions d'euros, qui doit permettre à la société d'atteindre d'ici trois ans l'objectif de 5 millions de clients en France. Elle prévoit dans le même temps de recruter environ 400 salariés, soit près du double des effectifs actuels (250 personnes).
« L'organisation mise en place ces dernières années et les choix technologiques réalisés nous permettent d'afficher ces ambitions et d'assumer notre souhait de devenir une véritable banque », déclarent les cofondateurs Cyril Chiche et Antoine Porte aux « Echos », qui assurent ne pas avoir besoin de lever de capitaux supplémentaires.
Depuis sa création en 2011, la société, devenue licorne en 2021 , a levé environ 235 millions d'euros auprès de différents investisseurs comme l'américain Accel et le chinois Tencent.
Rémunérer les clients
Lydia propose déjà depuis plusieurs années des comptes courants, des cartes de paiement , ainsi que des solutions d'épargne et de trading crypto, le tout accessible depuis une seule application. Celle-ci a été rebaptisée Lydia Comptes, le mois dernier, après la relance d'une appli dédiée Lydia pour le transfert d'argent. A ce jour, la fintech revendique environ 2 millions de clients bancaires (sur un total de 7 millions d'utilisateurs).
Les nouvelles offres, commercialisées sous la marque Sumeria, reprennent les codes de celles déjà existantes. Elles sont au nombre de trois dont une gratuite, et deux autres payantes, avec par exemple des plafonds plus élevés et des solutions d'assurance et d'épargne associées. Les clients ont aussi la possibilité de créer des cartes virtuelles éphémères pour effectuer des achats en ligne, ou bien dédiées à des abonnements (Netflix, Deezer, etc).
Sur un marché déjà très concurrentiel, dominé par des acteurs comme Boursorama et Revolut , et qui a récemment vu disparaître Orange Bank et Ma French Bank, Lydia compte notamment se différencier en généralisant le compte courant rémunéré pour tous ses clients. Chaque compte Sumeria bénéficiera d'un rendement de 2 % (4 % pendant trois mois en guise d'offre de lancement).
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« Nous souhaitons partager la valeur avec nos clients et leur simplifier l'épargne, sans avoir à jongler avec différents livrets », indique Cyril Chiche. La remontée des taux opérée mi-2022 a remis au goût du jour en France les comptes à terme et les livrets boostés , offrant des rémunérations attractives. Mais les comptes courants rémunérés demeurent très rares.
Sites physiques
Outre ces nouvelles fonctionnalités, la fintech, qui a développé sa propre architecture informatique (« core banking system »), mise sur son positionnement d'accessibilité et de simplicité. « Nous voulons revenir à l'origine de la banque, avec un compte de dépôts et les services qui vont avec, sans se disperser mais en assurant une expérience client irréprochable », commente Antoine Porte, qui prévoit d'ouvrir des sites physiques Lydia à partir de cet été, où il sera possible d'échanger et d'obtenir des conseils sur les services proposés.
La société vient de solliciter auprès de l'ACPR et de la BCE un agrément d'établissement de crédit. Mais la procédure prendra du temps. Elle continuera, en attendant, de proposer du crédit à la consommation express, en partenariat avec Floa (filiale de BNP Paribas).
Romain Gueugneau