Comment les spécialistes des DAB gèrent la rationalisation du parc
Le transporteur de fonds Brink's et le fabricant Diebold Nixdorf nouent chacun de leur côté des contrats d'externalisation avec les banques pour gérer et exploiter leurs réseaux de distributeurs automatiques de billets. Ils développent aussi des solutions pour éviter que certaines communes ne se retrouvent sans DAB.
C'est notamment à eux que s'adresse l'annonce de BNP Paribas, Société Générale et Crédit Mutuel. En envisageant de mutualiser leur réseau de distributeurs de billets pour répondre au recul de leur utilisation, les trois banques mettent la pression sur leurs partenaires qui gèrent l'approvisionnement en billets ou la maintenance de ces machines : les fabricants de DAB et les transporteurs de fonds.
Face à une tendance à l'oeuvre depuis plusieurs années, les acteurs spécialisés tentent de s'adapter. En France, le transporteur de fonds Brink's s'est ainsi rapproché des communes désertées par les banques afin d'y installer des machines directement gérées avec la mairie. 35 de ces « points cash » ont déjà été installés dans des communes et autant doivent être implantés d'ici à début 2022.
« L'accessibilité des transactions en espèces reste un enjeu majeur pour chacun, et tout particulièrement dans les communes rurales, pour soutenir leur tissu économique et les initiatives associatives », explique Michaël Gabay, le PDG de Brink's France. La disparition des DAB dans certaines communes rurales est en effet vécue comme la fin d'un service public et les élus ne manquent pas d'invectiver les banques lorsque cela arrive.
Externalisation
Depuis 2019, Brinks est aussi en charge de gérer et d'exploiter l'ensemble du parc de DAB du groupe BPCE qui compte 11.600 machines dans ses réseaux de Caisses d'épargne et de Banques Populaires, rappelle Michaël Gabay. Pour la banque, l'objectif visé est le même que celui poursuivi par BNP Paribas, Société Générale et Crédit Mutuel : mieux piloter le fonctionnement des automates, améliorer le service rendu et réaliser des économies.
« Avec ce partenariat, on passe d'un modèle de coûts fixes à un modèle de coûts variables, plus facile à maîtriser d'un point de vue économique, tout en gardant un service sans couture au plus près des besoins des clients », explique Laurent Benatar, directeur général technologies et opérations du groupe BPCE. A partir de la mi-2022, ce ne sont plus les banques du groupe BPCE qui seront propriétaires des distributeurs, mais bien Brink's.
Ce besoin d'externalisation est une aubaine pour les acteurs spécialisés du secteur, dont le modèle économique est mis à mal par les suppressions de DAB par les banques.
Ces machines ont en effet un coût non négligeable pour les établissements bancaires : environ 25.000 euros par an, alors que leur utilisation recule de 25 % depuis leur pic de 2014, selon une des banques participant au projet de mutualisation. Les contrats d'externalisation permettent de réduire les coûts techniques de 10 % à 30 %, selon les professionnels.
Payer ses impôts sur un DAB
Le fabricant de distributeurs Diebold Nixdorf multiplie lui aussi les contrats d'externalisation en France ainsi que dans plusieurs pays européens (Belgique, Allemagne, Luxembourg). Pour le groupe, le salut se trouve également dans le développement de services complémentaires intégrés aux DAB.
« Les banques françaises sont dans une phase de rationalisation de leur parc, explique Grégoire Basquin, directeur commercial chez Diebold Nixdorf France. Dans d'autres pays plus avancés en la matière, les distributeurs deviennent des fournisseurs de services qui vont au-delà des activités bancaires. »
Au Portugal et en Espagne, il est ainsi possible de payer ses impôts ou de régler une amende, explique le constructeur, tandis que dans certains pays d'Asie, les automates permettent de jouer au loto. Des évolutions qui ne sont pas encore à l'ordre du jour en France.
Publié le 6 oct. 2021
Gabriel Nedelec