La fusion Société Générale-Crédit du Nord entraînera 3.700 suppressions nettes de postes
Le groupe a rappelé son engagement de ne provoquer aucun départ contraint. Mais les syndicats redoutent des mobilités forcées. Société Générale a légèrement revu à la hausse le nombre d'agences fermées (650 contre 600) dans le cadre de la fusion. Près de la moitié des back-offices des deux réseaux seront également supprimés.
La fusion entre Société Générale et Crédit du Nord devrait entraîner une réduction drastique du nombre d'agences. (Mal Langsdon/Reuters)
Le couperet est tombé. Société Générale a détaillé ce mardi les conséquences sociales de la fusion de son réseau avec celui de Crédit du Nord , annoncée il y a près d'un an, et qui doit donner naissance à une nouvelle banque de détail. Le projet occasionnera 3.700 suppressions nettes de postes, étalées entre 2023 et 2025.
Le groupe a rappelé l'engagement
, déjà pris l'an dernier, que la fusion se réalisera « sans aucun départ contraint ». « Ces suppressions de postes s'appuieront sur les départs naturels (estimés à 1.500 par an d'ici à 2025), et la priorité donnée aux reclassements et mobilités internes », rappelle Société Générale dans un communiqué.
Un projet «socialement couteux»
Pas de quoi rassurer pour autant les syndicats de la banque qui dénoncent, comme la CGT, « un projet stratégique risqué et socialement coûteux », qui se traduit par la suppression « d'environ 15 % des effectifs actuels en moins ». Les deux réseaux fusionnés emploieront ensemble 25.000 salariés à l'issue de l'opération.
Pour la CFDT, l'argument du zéro départ contraint ne tient pas. « Les salariés concernés seront bel et bien contraints de subir a minima une mobilité géographique ou de quitter l'entreprise », dénonce le syndicat. Sur certains métiers et bassins d'emploi, des mesures complémentaires de départs volontaires pourraient d'ailleurs être mises en place, a indiqué Société Générale, sans donner plus de détails.
« Une seule banque, un seul réseau »
Compte tenu de l'envergure du projet, qui doit permettre au groupe d'économiser 450 millions d'euros par an à partir de 2025, l'ampleur des suppressions de postes était attendue - et redoutée par les salariés. Le nouvel établissement issu du mariage entre Société Générale et Crédit du Nord repose sur une « fusion complète des deux banques de détail », comme l'a rappelé Sébastien Proto, directeur général adjoint en charge de la banque de détail chez Société Générale lors d'une conférence de presse : « une seule banque, avec un seul réseau, un seul siège et un seul système informatique au service de près de 10 millions de clients ».
Cela se traduit notamment par la suppression de plus d'un quart des agences dans les deux réseaux, pour passer de 2.100 à 1.450 agences. L'enveloppe a été ajustée à la hausse, alors que le groupe prévoyait au départ 600 fermetures. Malgré cette diminution drastique du nombre d'agences, dont beaucoup, situées à proximité dans une même ville, seront regroupées, « le maillage représentera à terme plus de points de vente pour les clients », garantit Société Générale.
Le projet s'accompagnera par ailleurs d'une évolution de l'amplitude d'ouverture dans les agences : certaines devraient ainsi ouvrir le lundi, et rester accessibles à l'heure du déjeuner, ce qui n'est pas le cas partout actuellement.
Le maintien d'une dénomination régionale
Reste à savoir quelle enseigne arboreront ces nouvelles agences. Le groupe a annoncé ce mardi qu'il associerait pour chaque région, « une marque nationale à des dénominations régionales, qui s'appuieront sur la majorité des marques de Crédit du Nord (Crédit du Nord, Courtois, Tarneaud, Laydernier et Société Marseillaise de Crédit) ou sur la mention d'une géographie ». La stratégie de marque sera réellement précisée l'an prochain. Mais les enseignes Nuger, Kolb, banque Rhône-Alpes et Société de banque de Monaco semblent à ce stade vouées à disparaître.
Aux fermetures d'agences s'ajouteront aussi des suppressions de back-offices dans les régions. Ils passeront de 24 sites à 13 au total pour les deux réseaux. « Nous avons choisi de retenir le modèle Société Générale qui se base sur la spécialisation des équipes par nature d'opérations dans les back-offices », explique Sébastien Proto. Cette bascule occasionnera évidemment des suppressions de postes dans les sites concernés, qui sont comprises dans le chiffre de 3.700 annoncé.
Malgré ces nouvelles restructurations, qui s'ajoutent à celles déjà subies dans le réseau Société Générale ces dernières années, la direction assure vouloir maintenir « un volume significatif d'embauches annuelles pendant toute la période de transformation, dans le prolongement des 1.400 embauches en CDI qui seront réalisés cette année ». La banque souhaite notamment augmenter de 15 % le nombre de conseillers dans ses centres de relation à distance.
Le calendrier de la fusion
1er semestre 2022 : négociations de l'accord emplois et compétences et accords réglementaires
Janvier 2023 : fusion juridique entre les 2 groupes
1er semestre 2023 : migration information, changement des numéros de compte ;
De 2023 à 2025 : déploiement du nouveau modèle (nouvelles enseignes, fusion d'agences, etc.)
Par Romain Gueugneau
Mis à jour le 12 oct. 2021 à 14:20