En Grande Bretagne, le gendarme financier serre la vis pour limiter les « déserts bancaires »

Alors que la Banque de France a constaté la disparition de près de 2.000 distributeurs de billets l'an dernier dans l'Hexagone, le régulateur britannique vient d'imposer de nouvelles règles visant à contraindre les banques à maintenir un accès à l'argent liquide au Royaume-Uni.

Plus encore qu'en France, les banques au Royaume-Uni ont fermé des agences à tour de bras, au point que les pouvoirs publics se sont inquiétés de l'apparition de « déserts bancaires ». Alors que la Banque de France a constaté la disparition de plus de 2.000 distributeurs de billets l'an dernier dans l'Hexagone, le régulateur britannique vient d'imposer de nouvelles règles visant à contraindre les banques à maintenir l'accès à l'argent liquide.

A l'issue d'une consultation ouverte depuis décembre, la Financial Conduct Authority (FCA) a publié un nouveau cadre réglementaire plus contraignant afin de freiner les fermetures d'agences bancaires. Concrètement, les quatorze plus grands établissements du pays, dont HSBC, Barclays ou encore Natwest, auront l'obligation d'évaluer et de « combler les manques importants » dans l'accès de proximité à l'argent liquide. A partir du 18 septembre, elles pourront notamment se voir demander par des résidents une évaluation de l'accès au cash lorsqu'elles décident de fermer une agence bancaire, faute de quoi elles s'exposeront à une amende .

Fermeture de guichets

Cette décision intervient après la fermeture de près de 1.453 guichets sur deux ans, et la disparition de quelque 4.450 distributeurs de billets, alors que les clients sont de moins en moins nombreux à se rendre en agence. Dans le même temps, l'utilisation de l'argent liquide a considérablement reculé en Grande-Bretagne. La part du « cash » est passée de 61 % des paiements en 2007 à seulement 14 % en 2022. La pandémie a encore accéléré la tendance, avec le développement du paiement sans contact.

Mais certains ménages dépendent encore du cash dans leur vie quotidienne, souvent les plus défavorisés ou ceux qui sont le moins à l'aise avec le numérique. Parmi les usagers gagnant moins de 15.000 livres (17.439 euros) par an, 14 % ne peuvent pas se passer du liquide, souvent parce que cela leur évite de trop dépenser au quotidien, selon une étude de London Economics. « Trois millions de personnes continuent de compter sur les espèces, a rappelé Sheldon Mills, responsable des consommateurs au sein de la FCA, citée dans un communiqué. De nombreuses petites entreprises ont toujours besoin d'un endroit où déposer leurs recettes en toute sécurité chaque jour. »

Trouver une alternative

Le gendarme financier britannique a prévenu que ces nouvelles règles n'empêcheraient pas les banques de fermer leurs agences, mais elles les obligeront à les maintenir tant qu'une alternative pour accéder à l'argent liquide n'aura pas été trouvée. Le Royaume-Uni s'est montré innovant ces dernières années pour combler les « déserts financiers ». Le « cash back » sans achat est désormais proposé dans 2.500 magasins : les utilisateurs peuvent ainsi, avec leur carte bancaire, retirer du liquide à la caisse. Le groupement « cash access UK » promeut également le développement de « hubs » bancaires, des comptoirs où les acteurs bancaires se relaient chaque jour pour offrir leurs services.

Par //www.lesechos.fr/@ingrid-feuerstein">Ingrid Feuerstein

 Publié le 25 juil. 2024 à 15:15

Ingrid Feuerstein