Le paradoxe du cash : un recul des usages mais une circulation record
Les espèces sont de moins en moins utilisées dans les transactions du quotidien, bien qu'elles restent encore majoritaires en Europe ainsi qu'en France. Cependant, il n'y a jamais eu autant de billets en circulation.
La part des espèces s'établit à 59 % dans les transactions en magasin et entre particuliers en France en 2019, en recul de 9 % par rapport à 2016. (iStock)
Il y a un vrai paradoxe autour du cash. D'un côté, on observe un recul visible du recours aux espèces dans les transactions du quotidien. De l'autre, il n'y a jamais eu autant de billets de banque en circulation dans la zone euro.
La part des espèces dans les transactions en magasin et entre particuliers en France en 2019 (dernières données disponibles) s'établit à 59 %. Soit un recul de 9 % par rapport à 2016, qui s'est fait au profit notamment du paiement par carte (+8 % en trois ans à 35 %), selon les données de la Banque centrale européenne (BCE).
Cette tendance à l'oeuvre depuis une dizaine d'années a été renforcée par la crise du Covid-19, durant laquelle le paiement par carte sans contact a littéralement explosé.
Nouvelles pratiques
Cette nouvelle pratique s'ancre profondément dans les habitudes. Les commerçants se sont eux-mêmes massivement équipés pour répondre à la demande et il n'est plus rare de payer sa baguette par carte.
Pourtant, malgré le recul de l'usage des espèces, la BCE a constaté une hausse de la demande de billets dans la zone euro : à la fin de l'année 2020, 1.400 milliards d'euros étaient en circulation, soit une hausse de 11 % par rapport à 2019. Les années précédentes, la hausse n'était « que » de 5 % en moyenne.
Réserve de valeurs
« Une des explications possibles de ce paradoxe apparent est que, durant la crise, les gens se sont tournés vers les espèces pour gérer l'incertitude », écrit Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, dans une note récente. Dès le début de la crise, les consommateurs ont coupé leurs dépenses et privilégié les dépôts liquides. « Et les espèces sont les plus liquides des actifs », ajoute-t-il.
Plus globalement, il apparaît que les billets sont utilisés comme une réserve de valeur : selon les estimations de l'institution monétaire, seulement environ 20 % de la totalité des billets en circulation servait aux transactions dans la zone euro avant la crise. Le reste dormait sous les matelas ou circulait à l'étranger.
Gabriel Nedelec